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Sur le poste d'assistant-accessoiriste
Posté le 11 mars 2015, par Tric Simon

Salut à vous

Sur le conseil de not’bon président François (Borgeaud, pas l’autre, hein !), j’ai décroché mon téléphone le 22 février pour appeler Catherine Boisgontier, costumière et membre de l’AFCCA. Voici ce qu’on s’est dit, autour de notre volonté à l’AFAP de faire avancer les choses concernant le poste d’assistant-accessoiriste.

Catherine Boisgontier, avec Michèle Pezzin et d’autres membres d’équipes Costume, a participé à faire entrer de nouveaux postes dans les grilles de salaires.
Leur "lobbying" a eu lieu au moment de la renégociation de la convention collective étendue ; ce moment était particulièrement privilégié pour cela, parce que tout le système de l’intermittence était remis à plat.

Premier constat : si les associations professionnelles sont précieuses, elles ne sont aucunement un interlocuteur reconnu lors de négociations avec le Medef et/ou l’État. Leur représentativité leur donne le droit d’être éventuellement écoutées, pas beaucoup plus. Mais ça suffit pour activer différents leviers.
Second constat : les seules structures efficaces, reconnues et légales sur lesquelles il est possible de s’appuyer, qui peuvent nous représenter sont : les syndicats. Donc essentiellement dans nos métiers, le SNTPCT, et CGT-SPIAC. Qu’on le veuille ou non, donner du poids à nos revendications suppose tôt ou tard de donner du poids aux syndicats, c’est à dire adhérer.

Voici en quoi a consisté principalement leur parcours de combattants de la création de poste :
1. Lettre aux productions, syndicats de producteurs, et à l’ADP, pour exposer et justifier les revendications.
2. Lettre au SNTPCT & CGT-SPIAC (syndicats qui n’ont pas forcément apprécié que les organismes ci-dessus aient été approchés d’abord, sans passer par eux...)
3. Adhésions... contacts, rencontres et réunions de prépa avec le SNTPCT
4. Revendications présentées par le SNTPCT lors de commissions paritaires
5. Pied de grue de techniciens représentatifs lors des réunions de commissions paritaires...

On voit que si l’asso a mobilisé les troupes, c’est seulement le syndicat qui peut mener le combat. Mais c’est sûr qu’une asso qui montre sa détermination et son nombre, cela permet d’ouvrir les portes, de faire avancer le processus, et de maintenir une pression sur tous les rouages - État, producteurs et syndicats de techniciens compris.

Résultat, créations de postes obtenues : - couturier, - chef d’atelier, - teinturier-patineur.
Créations de postes demandés non retenues : - accessoiriste bijoux, - brodeur, - modiste.
Et depuis 2013, la lutte est en cours pour la réintégration du poste d’assistant créateur de costumes (salaire et statut cadre du 1er assistant déco), pour pallier la disparition, dans la nouvelle Convention Collective, du poste de chef-costumier (remplacé par costumier !) sur les films avec poste de Créateur de costumes.

Donc, 3 postes créés dans les nouvelles grilles : c’est un très bon bilan !
De notre côté, on n’a de revendications que sur un seul poste, assistant-accessoiriste...
Mais la période est beaucoup moins propice : les choses sont à nouveau figées dans le moule de la nouvelle CCN. Pour autant, il y aurait déjà à mon sens 2-3 choses à faire.

Le gros dossier concerne les syndicats... et la syndicalisation ! Sait-on combien d’entre nous à l’AFAP sont syndiqués, et où ? Ce serait bien qu’on soit au clair là-dessus.
Perso, je dois dire que je ne le suis pas. Je suis conscient que tous les producteurs le sont, convaincu de l’importance des syndicats, je me suis souvent posé la question d’adhérer, et j’ai parfois failli le faire - j’ai même donné pour la première fois fin 2014 l’équivalent d’une demi-cotisation à chacun des 2 syndicats - mais sans adhérer ! Car chaque fois que je me rends à des réunions (les dernières étaient au SNTPCT), j’y ai entendu un discours trop caricatural pour pouvoir adhérer... Je sais aussi que la lutte syndicale exige des positions tranchées, mais j’ai du mal avec les oppositions simplistes, style patrons-salariés. Dans notre domaine, c’est vite beaucoup plus complexe. Bref. Mais ne désespérons pas, il y a certainement des syndicalistes plus nuancés que d’autres, ce ne sont juste pas ceux que j’ai le plus entendus !
En tout cas, c’est une donnée incontournable, on ne se servira pas d’un syndicat sans y être assez massivement adhérents ; c’est normal, c’est pas à la carte. Donc, on peut le regretter, mais le taux de syndicalisation de l’Afap donnera en fait un état de notre force dans le combat pour faire entrer le poste d’assistant sur les grilles de salaires.

Mais il est tout aussi important pour faire avancer le schmilblick d’en parler, chacun à chaque embauche, et au nom de l’Afap aux interlocuteurs concernés, surtout si ceux qui le sont de près se positionnent. Pour par exemple :
 obtenir une lettre de soutien de chefs décorateurs, ainsi que de l’ADC en général
 idem côté assistants réalisation, et AFAR.
 idem côté scriptes et LSA, qui savent aussi ce qu’un assistant apporte à la qualité du travail global sur le plateau.
 avoir le son de cloche côté dirprods (lesquels d’entre eux budgètent un assistant-accessoiriste ?) et ADP.
 voir aussi si l’asso MAD, assez informelle mais très active sur la création du poste de ripeur, ne voudrait pas être associée d’une manière ou d’une autre.

Ce serait très intéressant d’avoir de notre part, les accessoiristes AFAP, quelques retours de statistiques : combien d’entre nous ont déjà eu un assistant-accessoiriste tout au long d’un tournage ? Par an, ça fait combien de films avec assistant-accessoiriste ? De quels budgets ? Avec quel déco, quel dirprod ? Personnellement, je n’ai jamais obtenu un assistant tout au long d’un tournage - je n’ai pu embaucher un gars que sur quelques semaines au max, et souvent c’est juste un gars de la déco qui a été détaché au coup par coup sur des séquences un peu lourdes... C’est là aussi où le positionnement du chef déco est important, et où l’affectation de l’accessoiriste (salaire, accessoires, bijout’... budget déco ou non ?) mériterait d’être définitivement déterminée, en accord du coup avec des dirprods représentatifs.

Autre question : au vu de l’autonomie de notre poste, des responsabilités grandissantes qui vont avec, et de la présence (ou non !) d’un assistant, est-ce qu’on ne couplerait pas ce qui précède avec la revendication d’un statut de cadre ??

Enfin, est-ce que ce ne serait pas l’occasion de consulter un peu tous les corps de métiers du plateau, pour voir si d’autres postes mériteraient d’être créés, afin de s’unir dans un même mouvement de revendications ?

Voilà, c’est des questions et des pistes, ça fait potentiellement beaucoup de taf !
Pour commencer, c’est bien si chacun de nous, à son niveau, fait via le forum, des retours d’expériences, d’idées etc. sur toutes ces questions.

A+
Simon


Réponses

  • beau travail Simon, merci !
    Pour tenter de participer à mon niveau...
    Je n’ai pas grande expérience donc je ne vais pas m’étaler.
    Jamais eu vraiment d’assistant et j’ai attaqué direct "seul".
    Une fois un assistant sur un long en Algérie (mon stagiaire que j’ai fait passé assistant (rapport au salaire)
    Je me satisferais bien d’un stagiaire sur chaque tournage si c’était possible (à défaut d’obtenir un assistant) mais je sais aussi que ça peut-être à double tranchant.
    Perso, si une consigne globale d’adhésion à un syndicat devait nous permettre d’être mieux entendu, voire pris au sérieux sur certaines revendications, je serai prêt à le faire...
    à chaque tournage, j’essaye de parler d’un éventuel assistant mais souvent les chefs déco m"ont ri au nez... j’ai du mal à comprendre la position des "chefs déco" avec qui j’ai bossé qui semblent ne pas comprendre cette demande... si déja l’ADC pouvait entendre ça, ça me semblerai pas mal. qu’au moins on est leur appuis de façon "automatique"... surtout quand on voit les équipes réduites Déco qu’on trouve sur certain tournage... si le régie d’ex est pas "béton" et au taquet, ça peut vite partir en vrille...
    Voilà pour moi.
    hop
    bisettes.

  • Bravo Simon, c’est de la belle info !
    Pour ma part j’ai pu avoir deux fois un assistant : 1 première fois sur un long métrage à -30% ! et sur la durée. Il était au tarif stagiaire et c’était en 2011.
    C’était pourtant un premier film , comme quoi... tout dépend sur qui on tombe, et les rapports de confiance qu’on peut développer...
    En 2012, j’ai pu le reprendre sur une série TV anglaise, sur la durée, à 600 euros brut semaine + les heures ; 4 mois de boulot complet.
    La chef déco, Ambre Sansonnetti m’avait appuyé sur ce poste et il y avait un gros budget. Depuis je n’ai plus pu l’avoir une seule journée. J’ai navigué de TV films — où ils ont presque ri quand j’ai évoqué sa présence ponctuelle—, en films au tarif mais ric-rac en termes de composition d’équipe déco.
    J’aurai dû l’avoir avec moi, en renfort ponctuel, sur un autre premier film à 4,5 millions en octobre dernier.
    Le film a été repoussé et c’est un autre que moi qui a eu le job. (Film qui s’intitulait "Vendeur" et réalisé par Sylvain Desclous. J’aimerais bien savoir qui a eu le poste et s’il avait un assistant...)
    Mais sinon la prod était d’accord pour quelques renforts ponctuels, sur une base de 120 euros brut / Jour. Pas d’heure de prépa pour lui, et j’assumai seul les heures sup.
    Mon impression est qu’à l’heure actuelle il faut expliquer, très diplomatiquement, que certaines journées courent le risque d’aller au tas, où coûteront cher en heures sup sans un assistant efficace. Cette fois là, j’avais un gros appui du réal qui était convaincu par mes arguments. Mais aucune aide de la déco...
    Comme Thomas, j’essaie à chaque fois d’avoir un assistant. Je pense même que le fait d’en avoir parlé à pu me mettre en mauvaise posture sur certains projets, car je ne souhaitais pas quelqu’un de la déco, mais quelqu’un relevant de mon propre choix.
    Je continuerai néanmoins à le faire, tout en prenant garde d’expliquer le pourquoi, aux uns et aux autres, le plus diplomatiquement possible.
    Il semblerait que l’accessoiriste soit considéré comme officiant seul depuis tellement d’années, que certaines oreilles ne veulent pas admettre qu’il ait besoin,
    comme tous les autres corps de métier sur le plateau, de quelqu’un qui fasse équipe avec lui.
    Vl’à mon p’tit témoignage les gars.. J’espère qu’on va arriver à faire avancer ce sujet.
    Bien à tous !


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