« Pour moi l’accessoiriste c’est un compagnon de jeu. Une fois parcouru le travail ingrat d’apprentissage du texte et qu’enfin la liberté de jeu pointe son nez, mon imagination réclame ce qui habille le quotidien du personnage que je vais interpréter. Et dans la marge de mon scénario j’inscris toujours au stylo rouge, au début de chaque scène, le ou les accessoires indispensables qui vont nourrir, appuyer, révéler, le caractère, l’intimité, du personnage que je vais jouer.
Ainsi la première personne que je sollicite sur un lieu de tournage c’est l’accessoiriste. C’est le premier prénom que je retiens. Ensemble nous allons choisir le ou les accessoires qui me conviendront le mieux.
Un procureur sans des piles de dossiers ne serait pas crédible…
Un flic de la BAC sans son brassard ou sa carte de police ne serait pas crédible...
Un huissier sans formulaire bleu, jaune, rose ou vert ne serait pas crédible…
Un aveugle sans une canne blanche, pliante, télépliable, à une ou plusieurs rayures rouges, avec embout fixe ou tournant, ne serait pas crédible…
Une salle d’attente de médecin sans Paris Match, elle, Gala ou VSD, ne serait pas crédible…
Une salle informatique sans ordinateurs, agrafeuses, post-it, agenda, stylo, crayons, rames de papier, chemises cartonnées, ne serait pas crédible…
L’accessoiriste habille une scène avec les détails du quotidien de la vie.
Au cinéma l’accessoire n’a rien d’accessoire. Un accessoire manque, un accessoire n’est pas en harmonie avec la situation et c’est toute la scène qui est bancale.
Au cinéma dire d’un accessoiriste comme de ses accessoires qu’ils sont indispensables est toujours un pléonasme. Jamais un oxymore !!!... »
Nicolas Marié, comédien