La cérémonie des César 2020 a tendu au cinéma français son miroir annuel.
Il peut indifférer ou lasser, satisfaire ou révolter...
Mais s’il est le reflet de l’Académie, il apparaît clairement que ce palmarès ne peut pas plus longtemps prétendre être celui des professionnel·le·s œuvrant dans et pour le cinéma français.
La mobilisation qui a conduit à la démission le conseil d’administration des César devrait logiquement se prolonger pour faire évoluer le règlement qui détermine le résultat des votes, sur au moins 2 points : la rigidité des modalités d’admission des membres de l’Académie, et l’opacité du résultat de leurs votes.
Atteindre la parité, rendre visible la diversité et améliorer la représentativité impose de refondre les critères d’admission. Concernant le collège des technicien·n·es, la quasi exclusivité donnée aux chef·fe·s de poste doit ainsi être réduite par un élargissement des postes éligibles aux assistant·e·s, cadres ou non, de chaque département, car l’on sait que les femmes et les personnes issues de milieux moins favorisés, y sont mieux représentées. De même, l’exigence de participation à 3 films sur les 5 dernières années est particulièrement excluant pour les auteurs ou les producteurs, et s’oppose aussi au rajeunissement de la communauté des votant·e·s.
Par ailleurs, à la différence des jury réduits qui se concertent en huis clos, l’Académie, du fait de la multitude des votants, délivre un palmarès sans pensée. D’apparence démocratique, il ne fait qu’additionner des voix isolées - mais sélectionnées. Cet alibi qui permet que personne ne porte la responsabilité du résultat des votes devrait au moins être affiché en toute transparence. Imagine-t-on un résultat d’élections politiques qui ne donnerait que le nom de l’élu·e ? Au-delà de la proclamation des nommé e·s et des lauréat·e·s, il parait donc indispensable de donner accès à la totalité des résultats des votes. La publication des statistiques complètes permettrait ainsi de dévoiler complètement le regard que l’Académie porte sur le cinéma français.
Ces quelques mesures d’ouverture et de transparence ne sont qu’une parmi d’autres mesures nécessaires pour que cette cérémonie devienne la célébration du cinéma français qu’elle prétend être. Sans quoi, l’Académie prend le risque de s’effondrer sur elle-même dans son entre-soi bouffi. Et si le seul intérêt d’en être devient d’avoir accès à un coffret de DVD annuel, on pourra se demander s’il faut vraiment sauver le soldat César...
Mais ces questions sont certainement déjà dans les notes de celles et ceux qui luttent pour faire évoluer le milieu du cinéma - ce qui est nettement plus important.
ST